Skip to main content
  1. Accueil
  2. >
  3. Météo des marchés
  4. >
  5. Météo des marchés – N°16-2022

Quelle est la capacité des marchés financiers ?

Les experts redoutent une zone de turbulences pour l’économie et pour les marchés.

Quelle vision macroéconomique ?

Le PIB recule en France au premier trimestre, la consommation des ménages faiblit et l’inflation s’emballe, rognant le pouvoir d’achat. Evidemment, la cause de cette faiblesse est la guerre en Ukraine, qui pèse sur le moral des investisseurs, mais qui participe surtout à renforcer l’inflation, déjà largement stimulée par la pandémie de Covid-19. Les pénuries de biens sont toujours une réalité en Chine, l’atelier du monde. La meilleure preuve de l’impact récessionniste de l’inflation est l’orientation de la consommation des ménages en biens. Leurs achats s’inscrivent en recul depuis six mois, ce qui est rarissime. La tendance ne devrait pas s’inverser à court terme. L’inflation continue de galoper, même si elle est inférieure à la moyenne européenne. En mai, elle a atteint 5,4 % (5,8 % selon les normes européennes), tirée par l’énergie (+ 28 %) et l’alimentation (+ 4,2 %). Le pouvoir d’achat des ménages n’est donc pas près de se redresser. En conséquence, les ménages n’ont eu d’autre solution que de puiser dans leur épargne, qui est élevée depuis les confinements. Le taux d’épargne a ainsi reculé de 0,3 point de pourcentage, à 16,7 %. Il était de 20,4 % au deuxième trimestre 2021. Il reste toutefois au-dessus de son niveau moyen de 2019 de 15 %, ce qui permettra de limiter l’érosion du pouvoir d’achat des ménages dans les prochains mois. Cela aurait pu être pire sans les mesures de soutien décidées par le gouvernement.

Du côté des entreprises, la situation se dégrade également. Le taux de marge des sociétés non financières se replie à nouveau. La prévision de croissance officielle du gouvernement sera ajustée dans quelques semaines, lors de la présentation d’un projet de budget rectificatif. Elle est toujours de 4 % alors que les institutions sont beaucoup plus prudentes, comme le FMI, qui table sur seulement 2,9 %, ou la Commission Européenne, qui anticipe 3,1 %.

Une chose est certaine, la Banque Centrale Européenne (BCE) va procéder en juillet, lors de son Conseil des gouverneurs, à sa première hausse de taux directeurs depuis plus d’une décennie. L’incertitude porte sur l’ampleur du mouvement. L’inflation dans la zone euro s’est encore accrue en mai, à 8,1 % (7,4 % en avril). La situation actuelle ressemble fortement à celle du début des années 1980, quand l’inflation caracolait à plus de 10 % (mesurée en glissement annuel). Comme il y a quatre décennies, la cause de cet emballement des prix est un choc énergétique.

Quelle interprétation des marchés financiers ?

Nous sommes dans une situation paradoxale. Les marchés financiers repartent à la hausse alors que le doute s’installe au sein des experts de la finance. Amundi, le plus gros gestionnaire d’actifs en Europe, avec 2.021 milliards d’euros d’encours, a appelé dernièrement à la vigilance : « Dans un contexte de hausse de l’inflation et de volatilité élevée, de ralentissement de la croissance et de réduction de la liquidité mondiale, les investisseurs devraient rester prudents dans leur gestion du risque. » Selon les experts, qui n’excluent pas une chute de 20 % des principaux indices, il faut « rechercher des actifs résilients ». Même son de cloche, au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique. Le PDG emblématique de J.P. Morgan Chase, Jamie Dimon, a reconnu qu’il préparait son établissement à faire face à « l’« ouragan » économique qui arrive ». Il recommande à tous les investisseurs de faire de même. « En ce moment, la météo est plutôt ensoleillée, tout va bien. Tout le monde pense que la Fed peut gérer la situation. Mais cet ouragan est juste là, en bas de la route, il vient vers nous. Nous ne savons simplement pas s’il s’agit d’un ouragan mineur ou d’une super tempête de type Sandy » qui a balayé la côte est des Etats-Unis en 2012, a prévenu Jamie Dimon. Le patron de Wells Fargo, Charles Scharf, a surenchéri en expliquant : « Le scénario d’un atterrissage en douceur est… extrêmement difficile à tenir dans l’environnement qui est le nôtre aujourd’hui. »

Point de vue d’Axyne Finance et comment agir ?

Entre l’envolée des prix de l’énergie et de l’alimentation, la guerre en Ukraine, les confinements à répétition en Chine, qui perturbent les chaînes d’approvisionnement, et la Réserve fédérale, qui va commencer à retirer des liquidités du marché, une accumulation d’événements fait basculer le monde dans un environnement nouveau. Or, les marchés financiers détestent l’incertitude. Pour l’instant, les analystes restent (trop) optimistes pour 2022 et 2023. Dans les prochaines semaines, les analystes vont être obligés de prendre en compte l’abaissement des perspectives économiques.

En conséquence, nous sommes très prudents sur les marchés et nous réitérons nos conseils de vigilance et ce, depuis plusieurs Météos des marchés (cf n°s 07 à 15).

Toute notre équipe et nous-même restons bien évidemment à vos côtés, pour vous accompagner.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Eric BORIAS / Laurent CORNET