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  5. Météo des marchés – N°23-2022

Une rentrée compliquée !

La zone euro et la Chine flirtent avec la récession. L’inflation aux Etats-Unis s’emballe. Les durcissements monétaires se généralisent.

Quelle vision macroéconomique ?

L’été aura été difficile pour les économies mondiales. L’Europe est au bord de la récession. Les Etats-Unis souffrent aussi mais dans une moindre mesure. L’emploi résiste toutefois compliquant la tâche de la banque centrale américaine, car cela renforce l’inflation salariale. Les banques centrales doivent encore durcir les conditions monétaires sans faire plonger les économies. La Réserve fédérale américaine a augmenté ses taux des fonds fédéraux de 75 points de base lors de chacune de ses deux dernières réunions (juin et juillet) après 25 points de base et de 50 points de base en mars et en mai. Ces taux ont ainsi été portés de 0 % – 0,25 % en début d’année à 2,25 % – 2,5 % cet été. Si la hausse des taux est importante, leur niveau demeure toutefois proche de la neutralité, estiment la plupart des économistes, même si les taux réels sont négatifs (proche de – 6 %). Nathalie Benatia, de BNP Paribas Asset Management, croit en une politique agressive. Elle souligne dans une récente note que « le président de la Fed de Richmond avait indiqué que les taux devraient être remontés jusqu’à ce que l’inflation soit clairement sous contrôle, même si l’économie donne des signes de faiblesse ». Ces propos lui paraissaient compatibles avec une poursuite de la remontée des taux, avec un taux terminal estimé à 4 % (2,25 % – 2,5 % actuellement) et qui serait maintenu pendant une grande partie de l’année prochaine.

La Banque centrale européenne (BCE) a procédé à une hausse de ses taux directeurs de 50 points de base, contre 25 pré-annoncés un mois plus tôt. La cause : l’envolée inflationniste. Ce retard apparent de la BCE sur la Fed explique la faiblesse de l’euro face au dollar. Entre le point haut de l’année, à 1,1483 $ le 14 janvier et le 22 août (0,9943 $) le recul de l’euro est de plus de 13 %. La dépréciation de la monnaie européenne, proche de la parité avec le billet vert renchérit les importations et gonfle mécaniquement l’inflation dans la zone euro.

Quelle interprétation des marchés financiers ?

Cela a été une surprise de l’année. Les marchés financiers ont chaussé cet été des lunettes roses. La Bourse a progressé de 5,9 % au cours des deux derniers mois, alors que les experts, dont nous-mêmes, attendions plutôt des turbulences cet été, les sujets de préoccupations ne manquant pas. Les marchés financiers ont reperdu du terrain depuis la mi-août, avec un certain retour à la réalité, mais l’été 2022 figurera parmi les huit meilleurs depuis la création du Cac 40, en 1988. Nous redoutions des publications semestrielles portant les stigmates d’une inflation devenue galopante et des conséquences économiques majeures de la guerre en Ukraine. Nous nous inquiétions également de la combinaison délétère d’une forte remontée des taux directeurs dans toutes les grandes économies des pays développés et d’un important ralentissement économique pouvant faire basculer celles-ci dans la récession. La hausse estivale a été encore plus nette outre-Atlantique. Si le Dow Jones affichait une progression comparable à celle du Cac 40, le S&P 500 frisait les 9 % de gain, et le Nasdaq était tout proche des 12 %.

Point de vue d’Axyne Finance et comment agir ?

La flambée des prix de l’énergie et les risques de pénurie en la matière font redouter un rapide plongeon en récession que pourraient accélérer des mouvements sociaux dont les grèves au Royaume-Uni sont sans doute les prémices. Tout cela incite donc à une certaine prudence lors d’une rentrée marquée par de nombreux risques, en particulier en Europe. Reste que la Bourse évolue aussi en fonction des résultats des entreprises et que celles-ci ont, au premier semestre, totalement déjoué les pronostics pessimistes. Il sera sans doute plus difficile de renouveler l’exploit sur la seconde partie de l’année. La rentrée s’annonce bien sombre. C’est en tout cas le message adressé aux Français par l’Elysée. Le président de la République, dans ses propos liminaires au conseil des ministres de rentrée, n’a pas mâché ses mots. Il a, en effet, déclaré, « … que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement ». Il annonce encore « la fin de l’abondance … des liquidités », etc. Le haut-commissaire au plan, François Bayrou, a surenchéri à l’occasion d’un entretien accordé au Point. « Mon sentiment profond est que nous allons vers la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre…, peut-être pire même que la guerre d’Algérie. ». Des propos guère rassurants. Ces sorties médiatiques, certes exagérées, montrent une volonté concertée de préparer les Français à des moments plus difficiles.

Toute notre équipe et nous-même restons bien évidemment à vos côtés, pour vous accompagner.

Eric BORIAS / Laurent CORNET